UNE NOUVELLE POLICIÈRE
UN TRENCH PEUT EN CACHER UN AUTRE
Par Jocelyne Duparc
Depuis la veille, l’Inspecteur Lucie Moretti ne se tenait plus de joie. Elle avait enfin osé inviter son collègue, l’inspecteur principal Roger Flandrois, à dîner... Et il avait accepté l’invitation !
Elle lui avait annoncé un repas sans façon, pour fêter la fin d’une enquête qui les avait tenus en alerte pendant plusieurs semaines. Mais, en réalité, elle n’avait pas pu s’empêcher de mettre les petits plats dans les grands.
Lucie contempla son reflet dans le miroir. Elle n’était pas mécontente de la nouvelle coloration de ses cheveux et du brushing qui les rendait souples et brillants.
Elle jeta un coup d’œil autour d’elle, tout était parfait. D’ordinaire, elle était plus femme d’action que bonne maîtresse de maison. Mais ce soir, elle s’était surpassée. Il y avait des fleurs sur le guéridon du salon, de la musique douce pour créer l’ambiance et, derrière la vitre du four, un poulet dodu commençait à prendre une belle teinte dorée.
« Inspecteur Moretti, vous êtes un vrai piège à célibataires. Il ne résistera pas ! » se dit-elle.
Un bref coup de sonnette la tira de sa rêverie. Surprise, elle regarda sa montre. « Roger est en avance... Serait-il aussi impatient que moi ? »
Devant la porte d’entrée, elle resta un instant interdite.
- Daniel ! Qu’est-ce qui vous amène ? Un problème au boulot ?
- Pourquoi y aurait-il un problème ? Je peux bien te rendre une visite de courtoisie !
- C’est-à-dire que... Je ne m’attendais pas à vous voir...
- Tu ne me fais pas entrer ? Je te dérange, peut-être ?
- Entrez un instant. Mais j’avoue que je suis assez pressée.
- Dis-moi... Tu es bien belle, ce soir. Tu attends quelqu’un ?
- Oui... J’ai un rendez-vous.
- Oh ! Tu attises ma curiosité. J’ai envie de m’imposer jusqu’à ce que ton soupirant arrive... J’aimerais bien le rencontrer. Je le connais, peut-être ?
Lucie fut stupéfaite de cette dernière répartie.
- Qu’est-ce qui vous prend ? Vous êtes bien indiscret !
- Je vois que j’ai fait mouche, répliqua-t-il. Je parie que c’est Flandrois ! Je me demande ce que tu lui trouves de si attirant. Sans compter que lui, il se fiche pas mal de toi !
Lucie eut soudain conscience du regard étrangement brillant de son interlocuteur et du rictus désagréable qui déformait ses lèvres.
- Mais... Vous avez bu ! Il vaudrait mieux que vous rentriez chez vous... D’ailleurs, c’est vrai, Roger va arriver d’un instant à l’autre. Demain, vous regretteriez qu’il vous ait vu dans cet état !
- Et alors, qu’est-ce qu’il a mon état ? Je présente aussi bien que ton cher Roger ! Moi aussi, je peux me pavaner en trench-coat à la Bogart ! Il n’est pas le seul à savoir jouer les héros de films américains...
Lucie, qui l’instant précédent allait se laisser aller à la colère, fut prise d’une sorte de fou rire nerveux, en réalisant tout à coup que Daniel avait copié, jusqu’au moindre détail, la tenue de prédilection de Roger : imperméable blanc cassé, T-shirt et jean noirs, boots mexicaines !
Daniel sentit la rage monter en lui. Pour lui plaire, il avait osé abandonner son éternel costume gris et voilà qu’elle se moquait de ses efforts.
- Qu’est-ce qui t’amuse ? Quoi que je fasse, je ne serai jamais assez bien pour toi ? s’écria-t-il.
Puis, soudain, il l’attira vers lui, tentant de lui arracher un baiser. La jeune femme eut un mouvement de recul instinctif et le repoussa violemment. Elle le regardait à présent avec horreur.
Il eut l’impression que son cœur allait exploser de douleur.
- Tu ne ferais pas la fière, espèce de garce, si c’était Flandrois...
Il avait puisé dans l’alcool le courage de monter chez elle à l’improviste, mais à présent, tout ce whisky ingurgité posait un voile trouble sur son esprit. Il se sentait mortifié et voulait qu’elle aussi ressente cette souffrance et cette humiliation.
Incapable de maîtriser ses émotions, il se jeta sur elle. Lucie sentait ses mains brutales parcourir son corps, elle se débattait énergiquement mais il était beaucoup plus fort qu’elle. Malgré sa pratique des arts martiaux, la peur la paralysait à moitié, elle en perdait une partie de ses moyens. Elle crut entendre des pas dans l’escalier et hurla « Roger ! »
Le nom détesté de son rival mit un paroxysme à la haine qu’il sentait monter en lui. Il la frappa de toutes ses forces. Il frappa longtemps. Il frappa jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que le corps de Lucie était devenu aussi mou qu’une poupée de chiffon.
Alors, sans bien comprendre ce qui lui était arrivé, il s’enfuit, le regard et la tête vides.
Il regagna sa voiture. Son cœur cognait à tout rompre. Il mit toute son énergie à maîtriser le tremblement qui agitait ses mains et fit un effort terrible pour contraindre son cerveau à penser rationnellement. « Du calme, Daniel... Du calme ! Tu es flic, mon gars, ne laisse pas l’affolement te submerger... »
Tout d’abord, Flandrois n’allait pas tarder à arriver, il ne fallait pas qu’il le surprenne devant chez Lucie ! Soudain, une idée s’imposa à lui : Il lui suffisait de se cacher en attendant Flandrois. Ensuite, il préviendrait le commissariat du coin par un coup de fil anonyme, et ce cher Roger ferait un coupable idéal.
Fort de cette décision, il se mit fébrilement en quête d’un téléphone public car, bien sûr, il n’était pas question d’appeler depuis sa propre voiture. Il dut faire deux fois le tour du pâté de maisons avant de trouver une cabine en état de marche.
Un coup de fil rapide, en déguisant sa voix... « Allo, Police ? Je vous signale un meurtre... » Et voilà, le tour était joué !
Il avait à peine rejoint sa voiture qu’il entendit le ronflement puissant d’une moto. Roger Flandrois garait sa japonaise sur le trottoir d’en face. « Ouf ! J’ai eu chaud ! » se dit-il.
Cédric avait emprunté le cabriolet de sa sœur. Habitué au confort de la Jaguar, Bowie trouvait les suspensions de la Triumph un peu trop raides à son goût ! De temps en temps, il laissait fuser un soupir de lassitude.
- Arrête de te plaindre, Bowie. Nous sommes presque arrivés ! Estime-toi heureux que Lilly nous ait prêté son auto, la nôtre est en révision jusqu’à ce soir !
Comme il sortait de la voiture, son chien sur les talons, Cédric reconnut la silhouette rondouillarde de Pierre Eber qui trottinait vers eux.
- Pierre... Qu’est-ce qui t’amène ?
- Oh ! Je t’attends depuis plus d’une heure et j’ai bien failli te rater en ne reconnaissant pas ta voiture !
- Qu’est-ce qui se passe ? Tu as l’air catastrophé !
- C’est bien le mot qui convient, une vraie catastrophe ! C’est Roger... Il a de gros ennuis.
Ils pénétrèrent dans l’ascenseur. Au fur et à mesure qu’Eber exposait la situation, Cédric n’en croyait pas ses oreilles. Depuis la veille, Roger était en garde à vue, soupçonné de tentative de meurtre !
On l’avait surpris, penché sur le corps inerte de sa collègue, Lucie Moretti. La jeune femme avait une fracture du crâne et de multiples contusions. Elle était plongée dans un coma profond. Roger clamait très haut son innocence, mais tout l’accusait ! La veille, Lucie avait parlé de leur rendez-vous à l’une de ses amies. De plus, son voisin de palier avait aperçu un inconnu, vêtu d’un imperméable clair et d’un pantalon noir, pénétrer chez elle. Quelques instants plus tard, il avait entendu des cris et des bruits de coups s’échapper de l’appartement.
Bien entendu, pour Cédric et Pierre, l’innocence de Roger ne faisait aucun doute. Il fallait le tirer de là !
- Tu as pu parler à Roger ? demanda Cédric.
-À peine deux minutes ! Il a juste eu le temps de me demander de te prévenir. Après, Luzerte l’a emmené pour l’interroger.
- Luzerte ! C’est le bouquet ! s’exclama Cédric.
- Il est commissaire... En plus, le divisionnaire préfère que l’affaire reste au sein du service. Il croit agir au mieux, il ne sait pas à quel point Luzerte déteste Roger ! Logiquement, un commissaire est sensé protéger ses hommes ! Et d’habitude, quand la victime est un flic, l’affaire est menée tambour battant. Mais, cette fois, je te garantis que ce salaud ne fait pas de zèle, il règle ses comptes !
- Oui, je vois... Est-ce que tu sais si on a déterminé l’origine du coup de fil anonyme ?
- Oui, une cabine tout près de chez Lucie. C’est le seul renseignement que j’ai pu obtenir et d’ailleurs, Luzerte m’a passé un sacré savon quand il a su que je m’étais mêlé de son enquête ! Il pense qu’un voisin aura surpris Roger en train de brutaliser la petite, mais n’aura pas osé se manifester ouvertement... D’où le coup de fil anonyme.
- Pourquoi Roger ? Il n’avait aucune raison de s’en prendre à Lucie. Je sais qu’il l’aime bien.
- Oui, il la considère comme une bonne copine bien qu’à mon avis, elle ait un petit faible pour lui. Mais ce n’est pas comme ça que Luzerte voit les choses. Il dit que Roger aurait essayé de la séduire. Elle l’aurait repoussé et il l’aurait mal pris.
- Ça ne tient pas debout !
- Je sais. Mais Luzerte en veut à Roger depuis votre épisode avec Bertrand Dastier. Il a eu un blâme pour t’avoir tiré dessus par erreur. Surtout que Dastier court toujours. Alors maintenant, il saisit la moindre occasion pour se venger. En, conclusion, Roger est maintenu en garde à vue. Légalement, il peut le retenir jusqu’à demain soir et tu penses bien qu’il ne va pas s’en priver !
- C’est un peu gros, non ? Mais... Dis-moi, est-ce qu’il a cherché à savoir si Lucie avait d’autres relations ?
- Ça, je n’en sais rien !
- Tu devrais te renseigner auprès de la copine de Lucie. Entre filles, elles se font des confidences... Tu en tireras peut-être quelque chose d’intéressant.
- Oui, d’accord... Je m’en occupe cet après midi et je te rappelle.
- C’est parfait, entre-temps, j’aurai moi-même vérifié un ou deux détails.
Sur ce, Pierre retourna au travail. Cédric était perplexe. Apparemment, l’accusation reposait sur le seul témoignage du voisin. « Mais, les impers beiges et les pantalons noirs ne sont pas l’apanage de Roger, se dit-il. N’importe qui peut endosser cette tenue ! » Sans l’évidente mauvaise volonté de Luzerte, Roger aurait déjà été relâché. D’ailleurs, il n’aurait même pas dû être arrêté et il serait lui-même en train de mener l’enquête. « Mais comme ce n’est pas le cas, je vais me substituer à lui ! » se dit Cédric.
Il sortit de chez lui, bien décidé à innocenter son ami. Il commencerait par les voisins. Tenace comme il l’était, il arriverait bien à glaner un quelconque détail que, bien entendu, Luzerte aurait négligé !
En arrivant devant l’immeuble de Lucie, il reconnut immédiatement la moto de Roger stationnée sur le trottoir. « Il faudrait la déplacer... En rentrant, je passerai au commissariat pour récupérer ses clés, se dit-il. C’est une chance qu’elle n’ait pas encore été volée ! »
Dès qu’il eut sonné chez le voisin de palier, sa vieille carte de presse joua à merveille son rôle de Sésame ! L’homme n’était pas peu fier d’offrir son témoignage, espérant qu’il ferait la « une » de tous les journaux du lendemain.
- Vous vous imaginez ! Je suis entré dans l’immeuble en même temps que lui ! Un assassin... Malheureusement, comme je l’ai déjà expliqué à la police, je n’ai pas pu voir son visage. Il faisait sombre, la minuterie est en panne depuis dimanche soir. Mais j’ai pu décrire ses vêtements avec précision.
- Rien d’autre ? Sa coupe de cheveux... Son eau de toilette...
- Non, j’ai pas fais attention. Ah ! Si... L’imperméable avait l’air tout neuf. Ça m’a frappé, car j’avais déjà remarqué qu’il avait une voiture neuve et je me m’étais dit « Ma parole, ce gars-là vient de toucher le tiercé ! »
- Une voiture neuve ! Vous l’avez vu sortir d’une voiture ?
- Oui ! Il était garé juste devant l’entrée.
- Quel type de voiture ? Vous en avez déjà parlé à la police ?
- Non, ça m’étais sorti de l’esprit. De toute façon, comme ils l’ont arrêté, ça n’a plus tellement d’importance ! Enfin, si ça vous intéresse, c’était une Renault bleu marine... Je pourrais pas vous préciser le modèle. Mais sur le coup, j’ai cru que le gars était un passionné de C.B. parce qu’il avait une super antenne à l’arrière ! Depuis, j’ai su qu’il s’agissait d’un flic, alors ça explique la chose.
Cédric sentit son pouls s’accélérer. « Je crois que j’ai mis en plein dans le mille ! » se dit-il. Il prit rapidement congé du témoin, en lui précisant que la police le contacterait certainement, pour entendre ses nouvelles révélations.
Sans perdre de temps, il fonça vers la P.J. « Pas question d’appeler Luzerte... Si je ne mets pas la main sur Eber, je m’arrangerai pour parler au divisionnaire. »
Aucun doute ne pouvait subsister. Roger était arrivé en moto, et l’homme que le témoin avait vu sortait d’une voiture. Une voiture qui pourrait bien être un véhicule de police ! Cédric ne put s’empêcher de penser à Luzerte. Ça cadrait trop bien avec la façon dont il bâclait l’enquête. Son incompétence et l’aversion qu’il éprouvait pour Roger n’étaient pas des motifs suffisants. Il devait y avoir autre chose.
En arrivant à la PJ, il trouva tout le service en effervescence. On avait des nouvelles de l’hôpital, Lucie sortait doucement du coma. Cédric ne vit pas Luzerte et n’en fut pas mécontent. Il put ainsi s’adresser directement au commissaire divisionnaire. Celui-ci se montra manifestement fort soulagé de voir son meilleur inspecteur définitivement disculpé ! Il passa lui-même un coup de fil au témoin pour avoir confirmation des faits.
Cédric aurait bien voulu s’ouvrir à Roger des drôles de soupçons qui lui étaient venus au sujet de Luzerte. Il n’en eut pas le temps. Roger l’avait à peine remercié que déjà, étant donné l’absence de Luzerte, le divisionnaire avait pris les choses en main et l’expédiait sur place recueillir le témoignage officiel du précieux voisin. Si l’enquête n’était pas résolue, elle repartait sur de nouvelles bases que tous semblaient apprécier.
Dans le couloir, Cédric se heurta presque à Pierre Eber qui s’apprêtait à partir pour l’hôpital. Il voulait guetter le réveil de Lucie, espérant qu’elle serait en mesure de dénoncer elle-même son agresseur. Il proposa à Cédric de l’accompagner.
- Je ne peux pas laisser ma voiture ici, car Bowie m’attend dedans. Mais, si tu veux, on se retrouve sur place...
La première chose que Cédric aperçut, en arrivant devant l’hôpital, fut un break Laguna bleu marine, affublé d’une longue antenne, garé à moitié sur le trottoir. Il en ressentit un étrange malaise. Pourtant, quoi de plus naturel qu’une voiture de police stationnée devant l’Hôtel Dieu ? Néanmoins, il se gara juste derrière et se précipita vers l’hôpital. Pierre lui avait communiqué le numéro de la chambre de Lucie, il monta les étages quatre à quatre.
Le couloir était désert, pas une infirmière en vue. Comme il avançait en consultant les numéros de portes, il vit une silhouette furtive se glisser hors d’une chambre. Il reconnut immédiatement Luzerte. Celui-ci lui jeta un bref regard puis, remontant le col de sa veste, il s’éloigna rapidement.
Cédric se rua vers la chambre en question. C’était bien celle de Lucie. Au premier coup d’œil, il comprit que tous les appareils, qui maintenaient la jeune femme en vie, avaient été débranchés ! Sans perdre de temps, il pressa énergiquement la sonnette d’alarme puis se précipita à la recherche d’un médecin.
Heureusement, un interne venait déjà à sa rencontre. Il lui expliqua brièvement la situation. Ensuite, il courut jusqu’à sa voiture. Bien entendu, la Renault bleue n’était plus là. Il prit le téléphone mobile qu’il avait coutume de laisser dans sa boîte à gants et appela Roger. Rapidement, il le mit au courant des événements.
La vie de Lucie était une nouvelle fois entre les mains des médecins. Le reste concernait la police. Cédric hésita à rejoindre immédiatement les locaux de la P.J. Il lui fallait témoigner, car il était le seul à avoir vu Luzerte s’enfuir.
Il consulta sa vieille montre de gousset. Après tout, la machine policière était en route, on n’avait plus besoin de lui. De plus, il avait rendez-vous avec sa sœur qui devait l’accompagner chez le garagiste récupérer sa voiture. « Je passerai à la P.J. ce soir. » se dit-il.
Il prit donc la direction de la banlieue sud, Bowie toujours renfrogné à l’arrière de la voiture. Au bout de quelques kilomètres, le chien trouva le vent de la route décidément trop décoiffant pour son unique oreille ! Il se coucha à même le sol, entre le siège conducteur et l’étroite banquette arrière. Pour bien marquer son mécontentement, il gémissait tous les trois kilomètres environ !
Enfin, au rythme du moteur, le brave boxer reconnut la raideur de la rue Denfert-Rochereau. Il daigna cesser ses jérémiades, sans toutefois se décider à relever le museau.
- Tu vois... On y est presque... On arrive à Palaiseau ! lui confirma Cédric.
En haut de la côte, Cédric tourna en direction du plateau des Joncherettes. Comme c’était souvent le cas, cette route était déserte. Soudain, un bolide le doubla, le frôlant rageusement. Cédric se déporta légèrement sur la droite pour le laisser passer, c’est alors qu’il reconnut le véhicule. Il dut freiner en catastrophe car la Renault bleue venait de lui faire une magistrale queue de poisson et lui bloquait le passage.
Luzerte en surgit, l’arme au poing. Il avait le regard fou et le doigt crispé sur la gâchette. Il fit signe à Cédric de sortir de sa voiture. Cédric s’exécuta sans un mot. Lui-même n’était pas armé et l’autre avait vraiment l’air prêt à tout.
- Alors, tu ne fais plus ton fier à bras ! Tu pensais vraiment que j’allais te laisser me dénoncer ?
- Calme-toi, Luzerte... lui répondit Cédric. Ça ne te servirait à rien de me tirer dessus ! J’ai déjà prévenu Flandrois...
- Tu bluffes parce que tu es mort de trouille ! Et tu as raison d’avoir la trouille ! Tu vois cette arme ? C’est pas mon arme de service, c’est celle d’un petit malfrat ! Alors, personne ne s’étonnera d’en retrouver les balles dans la cervelle d’un fouille-merde de ton espèce !
En parlant, il agitait son automatique et paraissait de plus en plus excité. Cédric pensa qu’il allait tirer.
Il faut croire qu’il ne fut pas le seul à le penser ! Car soudain, 45 kilos de muscles et de poils sombres, qui jusque-là se terraient entre les sièges, jaillirent de la Triumph décapotée, pour s’abattre sur la main qui tenait l’arme.
Poussant un hurlement de surprise et de douleur, Luzerte laissa tomber le pistolet. Cédric s’en saisit rapidement.
Ensuite, il pensa un instant à prévenir la police locale mais se ravisa. Il aurait eut trop d’explications à fournir ! Il rappela donc Roger sur son portable.
L’attente fut longue mais pendant tout le temps qu’elle dura, à aucun moment Bowie ne relâcha son étreinte. Cédric s’étonna même de découvrir à quel point il semblait prendre plaisir à grogner pour terroriser Luzerte !
Quelques jours plus tard, toute l’équipe réunie fêtait le rétablissement de Lucie et la nomination d’un nouveau commissaire, en remplacement de Daniel Luzerte... Le commissaire Roger Flandrois !
Fin