L'HISTOIRE D'UN AMOUR ETERNEL
Soldat inconnu
Une histoire d'amour par Marine Kerla
Malgré la chaleur écrasante, Annaïc hâta le pas en entendant la cloche de la chapelle de Saint-Roch sonner les six heures du soir. L’été était vraiment étouffant cette année. On n’y était pas habitué. Pierre disait que ce temps-là était bon pour ceux qui font du blé ou de l’orge. Mais lui n’aimait pas voir les prairies jaunir et se dessécher. Les vaches ont besoin d’herbe fraîche et verte pour donner du lait bien crémeux.
« Pierre... »
Comme elle prononçait à mi-voix le prénom de son amoureux, Annaïc sentit ses joues s’empourprer.
« Oh Pierre, je t’aime tant ! » pensa-t-elle.
Elle approchait du bois de Kervouyen, c’est là que Pierre l’attendait. Elle scruta l’horizon, tentant d’entrevoir les silhouettes massives de Faraud et Perrette attelés à la lourde charrette. Aveuglée par l’éblouissant soleil, elle ne distinguait rien et soudain, sans raison, le décor lui paru incertain, presque étranger... En un instant, elle sentit toute sa joie s’envoler. Il y avait quelque chose d’inhabituel dans l’air, une sorte de menace. Elle repensa à la guerre dont tout le monde commençait à parler... « Mon Dieu, je Vous en prie, faites que Pierre ne soit pas mobilisé » murmura-t-elle.
Pierre... Elle l’aperçut enfin et s’élança vers lui.
« Hummm... Pas aujourd’hui... Pas classe ce matin... »
Les volets mal joints semblaient se complaire à capter les premiers rayons du soleil et le miroir de la coiffeuse en profitait pour réorienter sournoisement ces fulgurants lasers, droit sur la tête de lit ! La jeune femme grommela quelques paroles indistinctes et enfouit obstinément sa tête sous l’oreiller. Paupières résolument closes, elle essayait de retrouver la magie d’une promenade à l’ombre d’un sous-bois... Les baisers d’un homme amoureux...
« Il s’est encore échappé ! » murmura-t-elle.
Le son de sa propre voix la réveilla complètement. Un instant auparavant, l’homme lui semblait si proche, si familier et voilà qu’une fois de plus il s’estompait, devenait flou et impalpable. Quand elle eut oublié jusqu’à son prénom, elle se résigna à glisser un pied hors du lit. Heureusement, son regard rencontra le calendrier mural. « Vacances de Pâques », se dit-elle et son visage s’éclaira d’un sourire radieux.
Depuis trois ans qu’elle exerçait comme institutrice dans ce petit village près de Verdun, elle avait à peine eu le temps de visiter la région.
« Je vais faire un peu de tourisme » se dit-elle. Dès la rentrée, nous entamerons la Première Guerre mondiale. Il faudrait que j’emmène les enfants au fort de Douaumont. Il fait si beau aujourd’hui que j’irais volontiers repérer les lieux...
A peine une heure plus tard, elle marchait à pas lents dans un sous-bois qui sentait les jeunes pousses et les mousses fraîches. Elle était étrangement émue. C’était la première fois qu’elle foulait du pied cette terre martyrisée qui avait été la compagne de souffrance de toute une génération sacrifiée. Elle pensa que le sujet ne serait pas facile à aborder avec les enfants. Elle souhaitait sensibiliser ses jeunes élèves sur cette période de leur histoire, sans pour autant les effrayer. À présent, la nature semblait avoir repris le dessus. En apparence seulement car, ça et là, de vastes cratères témoignaient encore de la folie des hommes.
Annaïc avançait, perdue dans ses pensées quand, au loin, une tache bleutée attira son attention.
« Des jacinthes sauvages ? » se demanda-t-elle en se remémorant le songe étrange qu’elle avait fait plusieurs fois ces jours derniers. Elle revit, comme dans son rêve, le visage de l’inconnu et ses mains brunes et fortes lui offrant un bouquet.
Elle fut envahie d’une irrésistible envie d’aller cueillir ces fleurs et, sans pitié pour ses jeans tout neufs, elle entreprit de traverser le fouillis inextricable de ronces et de vieilles racines qui la séparait des clochettes mauves. Comme elle approchait du trésor convoité, elle se sentit partagée entre la déception et le fou rire. Ce que de loin elle avait pris pour un parterre de fleurs sauvages était certainement un vieux morceau de tissu bleu, abandonné par quelque promeneur indélicat.
« Ça m’apprendra à nourrir constamment ce genre de pensées romantiques ! » se dit-elle en haussant les épaules. Pourtant, comme mue par un fil invisible, elle continua sa progression à travers les buissons d’épineux.
C’est ainsi qu’elle le découvrit. Une main posée sur le cœur, il gisait au fond de ce qui avait dû être un trou d’obus ou les vestiges d’une tranchée. Il portait l’uniforme bleu des soldats de la Grande Guerre. Une vilaine blessure à la tempe barbouillait son visage de sang séché. Malgré le sang, malgré la barbe qui dévorait ses traits, elle le reconnut immédiatement. Un prénom lui vint aux lèvres, qu’elle lança dans un souffle, sans même en avoir conscience.
« Pierre... »
Elle se ressaisit rapidement.
« Je deviens folle ou je rêve encore ? Un soldat de la guerre de 14 en 2010... C’est du délire ! »
Toutefois, dominant son désarroi, elle s’obligea à réagir. Ses responsabilités d’institutrice l’avaient habituée à gérer les urgences et son brevet de secouriste devait lui permettre d’agir efficacement. Elle palpa le pouls de l’homme inconscient.
« Ouf ! Il est vivant ! »
Elle composa le numéro des urgences sur son téléphone mobile et exposa la situation en termes précis. Malgré tout, elle ne mentionna pas l’étrange costume du blessé, craignant de passer pour un plaisantin.
En attendant les secours, elle s’assit auprès du jeune homme. Elle ne pouvait détacher son regard de ce visage qui sortait tout droit de son rêve. Délicatement, d’une main tremblante, elle lui effleura le front. Il lui parut brûlant de fièvre.
C’est alors qu’il ouvrit les yeux. C’était bien ces grands yeux sombres qui avaient hanté ses nuits. Mais leur expression semblait vague, comme égarée. Annaïc se demandait s’il la voyait.
D’une voix faible, il murmura quelques mots.
- Pelec’h emaon ?
Annaïc sursauta. « Mais il parle en Breton ! »
- Où suis-je ? Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Répéta-t-il, en Français cette fois.
Il tenta vainement de se lever.
- Détendez-vous. Ne bougez pas, vous êtes blessé. Les secours seront-là dans un instant, lui répondit-elle.
La voix douce d’Annaïc sembla l’apaiser et, comme s’il prenait enfin conscience de sa présence à ses côtés, il la regarda, l’air un peu surpris. Puis son regard se fit tendre.
- Te zo kaeroc’h adarre... « Tu es encore plus belle... » Murmura-t-il juste avant de s’évanouir de nouveau. Au même moment, on entendit des pas précipités marteler l’allée du sous-bois et Annaïc accueillit les pompiers avec soulagement.
Depuis une semaine qu’il séjournait à l’hôpital de Verdun, elle était allée le voir tous les après-midi. « Je suis peut-être folle, mais je l’aime. Et c’est comme si je l’avais toujours aimé ! » se disait-elle.
Elle ne le savait pas encore, mais le même sentiment animait « son » blessé. « Elle est ancrée dans mon passé. Ou bien... Était-ce une autre fille qui lui ressemblerait ? Je ne m’en souviens pas... D’ailleurs... »
D’ailleurs, il ne se souvenait de rien ! Il se remettait plutôt bien de sa blessure, mais sa mémoire restait en panne. Amnésie totale avait diagnostiqué le médecin. Sa plaie à la tête ainsi que l’état de faiblesse dans lequel il se trouvait semblaient indiquer qu’il était resté inconscient pendant plusieurs jours. Mais qui était-il et qu’est-ce qui avait provoqué cette blessure ? Nul n’en savait rien !
Un gendarme l’avait questionné. Peine perdue, rien n’était sorti de cet entretien. L’enquête se poursuivait mollement car aucune disparition n’avait été signalée au cours des dernières semaines. Pour tous, il demeurait l’amnésique de la chambre 412 ou l’inconnu du Fort de Douaumont !
Cette incertitude était angoissante. Il en fit part à Annaïc.
- J’ai cru devenir fou quand on m’a dit que je me baladais dans les bois déguisé en poilu de la guerre de 14 !
- Ne t’inquiètes pas trop. Il doit y avoir une explication logique à ça. Tu te rendais peut-être à un bal costumé...
- Aucune idée... Et si j’étais un fou dangereux ? Un cinglé qui se prend se prend pour un grand militaire...
- Ça m’étonnerait vraiment ! Mais, dis-moi, est-ce que tu as bien fouillé toutes les poches de ta panoplie de grand militaire ?
- Le gendarme l’a fait... Pas le moindre indice... D’ailleurs, ça ne devait pas présenter beaucoup d’intérêt pour lui, parce qu’il ne l’a même pas considéré comme une pièce à conviction ! Remarque... En dehors de cet accoutrement, j’ai pas d’autre vêtement que ce pyjama prêté par l’hosto... Mais même s’il avait emporté l’uniforme, ça ne m’aurait pas beaucoup gêné. Tu me vois sortir avec ça quand je pourrai quitter l’hôpital !
L’idée les amusa un instant, mais malgré tout Annaïc s’entêtait à vouloir examiner les moindres recoins de l’habit de soldat.
- Ça ne coûte rien de recommencer...
Elle sortit les vêtements du placard et les posa bien à plat sur le lit. Elle palpait consciencieusement l’intérieur de la vareuse quand soudain...
- Regarde... La doublure est un peu déchirée... Mais... On dirait qu’il y a quelque chose qui a glissé à l’intérieur...
Elle entreprit d’agrandir l’accroc et glissa la main entre la doublure et le tissu... C’était un petit rectangle, un badge à l’entête de la société Filmophage Productions. Annaïc laissa éclater sa joie.
- C’est une admission sur le tournage d’un film... Tu vois ! Tu n’as rien d’un malade mental ! Tu es peut-être acteur ou bien même tu faisais tout simplement de la figuration quand l’accident est arrivé !
- Fais voir... Est-ce que mon nom y est inscrit ? questionna-t-il.
Il avait à peine prononcé ces mots qu’il vit son amie pâlir. Inquiet, il se leva d’un bond.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ne te sens pas bien ?
- Ce n’est rien... Ne t’inquiètes pas... Je vais bien... Oui, il y a ton nom. Tu t’appelles Pierre... Pierre Larhant...
- Décidément, c’est la deuxième fois que tu me sauves la mise... Je devrais même dire que tu me sauves la vie... Sans son nom, on n’est pas grand chose... lui dit-il en la prenant dans ses bras.
Elle accueillit son baiser et le lui rendit avec passion. C’était ces lèvres qui lui manquaient depuis toujours, c’était ces mains sur son corps qu’elle avait toujours espérées. Il la tint longuement serrée contre lui. Elle murmura doucement :
- Oh ! Pierre, je t’aime tant...
En chuchotant ces mots, elle eut la certitude qu’elle les avait déjà prononcés de nombreuses fois.
- Hummm... Hummm...
Une toux légère et un rire complice les firent sursauter.
- Je suis heureuse de constater que vous allez beaucoup mieux ! Mais... Désolée, l’heure des visites est dépassée. À présent, vous allez devoir vous contenter de mes soins ! dit la jeune infirmière en souriant.
Pierre et Annaïc lui firent part de leur découverte. Dans les couloirs de l’hôpital, la nouvelle se répandit comme « une traînée de poudre »... Ce qui était de circonstance... L’inconnu du Fort de Douaumont avait enfin une identité !
Ensuite, tout alla très vite. Pierre appela les productions Filmophage. Mathilde, la secrétaire du producteur, le connaissait très bien.
- Vous avez de la chance, lui répondit-il en retrouvant son sens de l’humour... Moi, je ne me connais pas !
Lorsqu’il lui eut raconté sa mésaventure, elle ne se fit pas prier pour lui communiquer les coordonnées d’un certain Fabien qui était comédien comme lui. Un peu tendu, il composa le numéro de celui que Mathilde lui avait présenté comme étant son meilleur ami. Celui-ci sembla fort soulagé d’avoir enfin de ses nouvelles. Malheureusement, malgré la profusion de détails que Fabien lui assénait, aucune lueur ne venait éclairer le passé oublié de Pierre Larhant.
- Oui, tu es célibataire ! Mais non, il n’y a pas de femme dans ta vie... Je le saurais ! Tu es fils unique, tes parents habitent Rennes mais vous êtes originaires du Finistère...
- Dis-moi, est-ce que je parle Breton ? questionna Pierre, à la demande d’Annaïc.
L’autre pouffa de rire au bout du fil.
- Certainement pas ! Tu dois bien connaître deux ou trois grossièretés dans la langue de tes ancêtres, mais ne va surtout pas te prendre pour Alan Stivell !
« Pourtant, c’est bien en Breton qu’il m’a parlé la première fois », pensa Annaïc.
Pierre et Fabien poursuivaient leur étrange jeu de la vérité.
- On tournait une vidéo sur la guerre de 14... À la fin des prises de vue, je t’ai cherché partout... Tu as dû tomber et te blesser pendant le tournage ! Quelle angoisse... Mon vieux, quelle angoisse ! Moi, j’étais obligé de rentrer à Paris, j’avais un contrat pour le lendemain... Bon, je prends le train demain matin gare de l’Est. Avant midi, je serai là. Ta mémoire, je vais te la ranimer... Comme la flamme du Soldat Inconnu !
Pierre raccrocha, un peu désorienté. Le médecin lui permet de faire quelques pas en compagnie d’Annaïc, dans la cour de l’hôpital.
- Hier, j’ai eu plusieurs flashs, lui dit-il. Toujours des scènes de guerre... C’était si saisissant de vérité que je n’ai pas osé en parler. Ça ressemblait plus à un cauchemar qu’à des souvenirs. Mais ça fait peut-être partie du film, c’est sûrement ma mémoire qui revient... Dans ma mémoire, il y a aussi une fille qui te ressemble...
- Je sais, j’ai la même impression, répondit-elle simplement.
Et elle lui raconta ses rêves, son prénom qu’elle avait deviné au premier regard, ce sentiment étrange de l’avoir toujours connu.
- Il y a autre chose que je dois te dire, bien que cela puisse sembler complètement déraisonnable... D’après ce qu’à dit ton ami Fabien, ta famille serait originaire du Finistère, tout comme la mienne... À Kervouyen, près de notre maison familiale, il y a une ferme abandonnée. Ce n’est plus qu’une ruine mais quand nous étions petits, pendant les vacances, mon frère et moi allions y jouer très souvent. J’adorais cet endroit même si mon père me disputait car la charpente s’écroulait et c’était dangereux... Enfin, ce dont je me souviens très bien, c’est que les anciens propriétaires de cette ferme s’appelaient Larhant...
Le soir même, dès son retour chez elle, Annaïc téléphona à sa grand-tante qui habitait toujours en Bretagne. Tante Hélène lui conta une bien étrange histoire.
- La ferme de Kervouyen ? Bien sûr que je m’en souviens, elle appartenait aux Larhant. Ils n’ont pas eu de chance, leurs deux fils, Pierre et Jérôme, sont morts à la guerre. A l’époque, tu te doutes bien que je n’étais pas née. C’est ma mère qui m’en a parlé parce que sa sœur Annaïc était presque fiancée à l’un des deux fils. Je crois qu’il s’agissait de Pierre... Après la guerre, l’exploitation est restée dans leur famille pendant quelques temps encore et puis elle a dû être vendue. Tu sais, une ferme, quand il n’y a pas de fils...
- Mais, Tante Hélène, qu’est devenue Annaïc ?
- La pauvre, elle a eu un chagrin fou, bien sûr !
- S’est-elle mariée, a-t-elle eu des enfants ?
- Non, elle ne s’est jamais mariée. À l’époque, on disait qu’elle n’avait plus toute sa raison. Elle croyait dur comme fer que Pierre allait revenir, parce qu’il le lui avait promis. Elle l’attendait ! Mais il n’est jamais revenu, son corps est resté quelque part, là-bas dans l’Est... Tiens, c’est drôle, c’est là que tu travailles, non ?
- Oui, je suis tout près de Verdun...
- Mais, dis-moi, demanda soudain Tante Hélène, pourquoi me poses-tu toutes ces questions ?
- J’ai rencontré un garçon, il s’appelle Pierre Larhant !
Tante Hélène en resta sans voix. C’est Annaïc qui relança la conversation en lui demandant timidement :
- Tu n’aurais pas de photos, par hasard ? Des photos de Pierre et Annaïc...
Émue par l’histoire d’amour de sa petite-nièce qui semblait rejoindre celle de sa propre tante, Hélène fouilla longuement parmi les papiers que lui avaient laissés ses parents. C’est ainsi qu’elle retrouva un vieux cliché, un peu jauni, un peu fendillé. Elle l’adressa immédiatement à Annaïc.
Pierre se remettait de son accident et la mémoire lui revenait peu à peu. Il quitterait bientôt l’hôpital. Il quitterait bientôt Verdun mais il y reviendrait tous les week-ends car pour rien au monde il n’aurait quitté Annaïc. Tous deux avaient déjà décidé que dès qu’il serait rétabli, ils iraient à Kervouyen. Pierre voulait connaître le berceau de ses ancêtres, il voulait voir la vieille ferme abandonnée. Même si c’était triste... Même si, sur le monument aux morts de la place de l’église, à Plomelin, on pouvait lire le nom de ce lointain cousin. Ce nom que lui-même portait aujourd’hui.
Ils étaient assis côte à côte sur le lit d’hôpital quand Annaïc ouvrit avec émotion l’enveloppe qui portait le cachet de la poste de Plomelin. Leurs mains se rejoignirent sur la vieille photo couleur sépia. Une jeune fille en robe de paysanne fixait l’objectif d’un air intimidé. À ses côtés, un jeune homme, un peu guindé dans son costume sombre, la couvait d’un regard protecteur.
Annaïc pensa que Pierre ressemblait à Pierre. Il était grand et brun, avec le même air conquérant. Pierre pensa qu’Annaïc était Annaïc. Elle avait ses cheveux blonds et ses yeux de faïence claire.
Mais la photo était floue et bien usée... Peut-être n’était-ce qu’un effet de leur imagination, un besoin de merveilleux comme en éprouvent tous les amoureux du monde...
- Le jour de la mobilisation générale, nous avions rendez-vous juste à l’orée du bois de Kervouyen, murmura Annaïc.
- Je m’en souviens, répondit Pierre. Ce jour-là, je t’avais promis que je reviendrai...
Fin