Les amours d'Eros et Psyché







UNE HISTOIRE D'AMOUR DANS LA MYTHOLOGIE


EROS ET PSYCHÉ
Une histoire d'amour par Jocelyne duparc

En classant des vieux livres, j’ai retrouvé, par hasard, un recueil des « Contes et légendes mythologiques » racontés par Émile Genest. Il y a quelques années, cet ouvrage m’avait permis de découvrir un univers fascinant, celui de la mythologie. Parmi tous ces récits magiques, il en était un qui avait particulièrement marqué mon imagination. C’était l’histoire de la passion dévorante qu’éprouva Éros, le Dieu de l’Amour, pour la belle Psyché.

L’histoire commence en des temps lointains où les dieux, bien qu’ils fussent immortels, ressemblaient fort aux humains. Ils avaient leurs défauts, leurs qualités, leurs forces et leurs faiblesses... Les dieux daignaient parfois jeter un regard sur la terre, pour punir ou encourager les humbles créatures dont ils étaient les guides et les maîtres.
Certains d’entre eux osaient même se mêler aux mortels ! Ils partageaient quelques instants leurs émotions, leurs joies, leurs peines puis s’empressaient de regagner le Mont Olympe où Jupiter régnait en maître.

A deux pas de l’empire céleste, sur la terre des mortels, un roi et une reine coulaient des jours paisibles. Ils étaient les parents comblés de trois adorables princesses : Aglaure, Cidippe et Psyché.
Toutefois, bien que portant un égal amour à chacune de leurs filles, il leur fallait admettre que la benjamine, Psyché, était la plus belle des trois.
A peine eut-elle atteint sa treizième année qu’à travers tout le pays, les poètes chantaient sa grâce et la plastique parfaite de son corps juvénile. Des admirateurs venaient de loin, pour tenter d’apercevoir son visage.

Quand les princesses furent en âge de se marier, les jeunes hommes, parmi les meilleurs partis des contrées avoisinantes, se pressèrent dans les vastes salles du palais.
Aglaure et Cidippe ne manquaient pas de soupirants. Quant à Psyché, on commençait à murmurer qu’aucune créature, humaine ou divine, ne la surpassait, ni ne l’égalait en grâce et en beauté. Certains jeunes gens, emportés par leur enthousiasme, eurent même l’audace de lui construire des autels !
L’écho de ces louanges dépassa bientôt la sphère des simples mortels. On en parla jusque sur le Mont Olympe où siégeaient Dieux et Déesses. C’est ainsi que Vénus eut vent de cette renommée.

La Déesse de la Beauté avait un caractère quelque peu ombrageux. Qu’une mortelle rassemblât tant d’admirateurs lui parut inadmissible. Elle en conçut une grande rancoeur et s’empressa de jeter un charme sur les adorateurs de la jeune fille !
Psyché demeurait tout innocence et semblait ignorer à quel point on l’idolâtrait. Alors, comment aurait-elle pu imaginer qu’elle allait être poursuivie par la haine d’une déité qu’elle vénérait entre toutes ?

Vint le jour où les soeurs aînées de Psyché convolèrent en justes noces et quittèrent le palais au bras de puissants monarques.
Malgré l’affection sincère qu’elles portaient à leur cadette, Aglaure et Cidippe en ressentirent une pointe d’orgueil. Car, chose étonnante, parmi tous les supposés prétendants de leur jeune soeur, il n’en fut pas un seul pour demander sa main !
Psyché se réjouissait du bonheur de ses soeurs, mais ne pouvait s’empêcher d’éprouver une légère déception. Elle s’efforçait toutefois à rester sereine en attendant le prince charmant.
Ses parents, quant à eux, commencèrent à s’inquiéter pour son avenir. Malgré toutes les louanges qu’on continuait à colporter à son sujet, allait-elle rester vieille fille ?

Un beau matin, le père de notre héroïne se décida à agir. Il s’imaginait avoir, pour une raison qui lui échappait, encouru la colère céleste.
- Ne t’inquiètes pas, ma chère fille, dit-il à Psyché. Si j’ai commis une faute et de ce fait, déplu à Jupiter, je prendrai mes responsabilités ! L’erreur du père ne doit pas rejaillir sur la fille.
- Vous êtes trop bon, Père. Mais ne vous faites donc pas tant de soucis à mon propos ! répondit la douce enfant.
Mais le roi s’entêta et décida de consulter un oracle. Il choisit le meilleur d’entre tous : Harpocrate. Ce devin était réputé entretenir d’excellentes relations avec les Dieux de l’Olympe.
Le roi convoqua son épouse et sa fille.
- Je m’en vais consulter Harpocrate, leur dit-il. Il est sage et perspicace. Qui mieux que lui saurait nous éclairer ? Je vous rapporterai ses paroles et je m’engage par avance à respecter son verdict.
Ainsi, le père de Psyché, porté par un regain de confiance, s’en alla trouver Harpocrate. Sa femme et sa fille l’attendaient pleines d’espoir.

Ce dont aucun d’entre eux ne se doutait, c’est que Vénus n’était pas étrangère à la désaffection des soupirants de Psyché. Le sort qu’elle leur avait jeté les empêchait de demander la main de la jeune fille.
Pourtant, cela ne suffisait pas à combler son désir de vengeance. Dès qu’elle eut connaissance de la démarche qu’allait effectuer le père de Psyché, elle saisit l’occasion de punir sévèrement sa rivale. Pour cela, elle mit au point un stratagème diabolique. Il lui suffisait d’influencer Harpocrate. N’était-elle pas déesse et lui simple devin ! Elle usa de tout son pouvoir de suggestion et fit en sorte que la sentence qu’il rendrait soit des plus cruelles.

Lorsque le roi revint au palais, à sa démarche accablée, à l’expression défaite de son visage, Psyché et sa mère comprirent que le présage ne correspondait pas à leurs espérances. Mais la réalité était encore pire que tout ce qu’elles pouvaient imaginer !
Le roi leur en fit part en retenant ses pleurs : « Aucun mortel n’épousera jamais Psyché. Seul un monstre cruel ou un horrible dragon, issu des ténèbres de l’enfer, l’acceptera pour femme. Psyché devra être abandonnée, seule sur une montagne désertique, afin d’y attendre cet hymen de mort. »
Voilà ! Les dés étaient jetés, l’oracle avait décidé. Quelle que soit l’horreur qu’ils en ressentaient, les parents affligés, devraient se soumettre.
Tremblante de peur et de désespoir, Psyché passa une nuit affreuse. Dès le lendemain matin, elle serait conduite et abandonnée sur un roc aride où quelque horrible personnage viendrait l’enlever, pour la conduire aux portes des enfers.

Pendant ce temps, Vénus jubilait en se frottant les mains ! Harpocrate avait répondu à sa volonté en sacrifiant Psyché. L’affaire avait été rondement menée ! Toutefois, la Déesse de la Beauté se dit qu’elle pouvait encore parachever son oeuvre.
Elle imagina donc un nouveau plan qui serait en quelque sorte l’aboutissement de sa vengeance ! Pour ce faire, il lui fallait le concours de son fils Éros, le Dieu de l’Amour. Un fils aimant ne saurait refuser un petit service à sa mère !
À son appel, il accourut, portant à l’épaule l’arc et le carquois garni de flèches.
- Mère, vous m’avez fait mander ? Que puis-je pour vous être agréable ?
- Mon fils, j’ai une mission à te confier. Prends place sur ce siège, je vais t’exposer ma requête.
Soucieux de plaire à sa mère, Éros s’installa donc, suspendu à ses lèvres.
- Il y a, sur terre, une jeune péronnelle qui s’est permis de m’offenser. Elle a même tenté d’usurper mon titre de plus belle femme entre toutes ! dit Vénus.
Bien entendu, Éros était loin d’imaginer que sa mère mentait ! Celle-ci poursuivit.
- Il te suffira de décocher une flèche pour qu’elle s’éprenne follement de toi ! Cette passion inassouvie la rendra terriblement malheureuse. Et surtout, elle sera ridiculisée aux yeux de tous... Qui ne se raillerait d’une mortelle amoureuse du Dieu de l’Amour ?

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Éros se laissa envelopper par les ailes du vent et, ainsi transporté, s’envola vers le rocher où se lamentait Psyché.
Dès l’aurore, la malheureuse y avait été conduite par ses parents. Après un dernier baiser, une dernière étreinte, elle les avait regardés s’éloigner. Depuis, en pleurant toutes les larmes de son corps, elle attendait, terrifiée, que survienne l’affreux dragon qui allait devenir son époux.

Éros arriva sur les lieux, toujours porté par Zéphire, son ami le vent. Dès qu’il aperçut la jeune fille, il se dissimula derrière un buisson. Alors, pointant sa cible, il banda son arc, affermit sa flèche...
La corde, en se tendant, émit un léger bruit qui fit sursauter Psyché. Pleine d’espoir, elle s’imaginait déjà que ses parents, pris de regrets, revenaient la chercher... Elle releva la tête pour scruter l’horizon, repoussant, d’un geste gracieux, les longs cheveux qui lui voilaient le visage.
Éros fut ébloui par cette image. Subjugué par tant de beauté, il demeura, un instant, pétrifié. Puis, d’un irrésistible élan, il retourna son arc contre lui-même et reçut la flèche en plein coeur.
Ainsi, le Dieu de l’Amour, celui qui s’amusait à déchaîner tant de passions, se sentit enivré d’un sentiment nouveau. L’amour irradiait tout son être... Un amour qu’il savait interdit, celui d’un Dieu pour une créature humaine !

Jamais encore, il n’avait transgressé les lois de l’Olympe. Pourtant, Dès cet instant, il sut qu’il allait le faire, pour les beaux yeux d’une mortelle. L’ardeur qui l’animait lui tiendrait lieu d’excuse. « Je l’aime et je veux l’épouser, se dit-il. Si personne n’est au courant de cette union, qui pourrait l’interdire ? » Il décida donc de vivre pleinement cet amour, en le gardant secret.

Heureusement, il disposait d’un complice, son fidèle ami Zéphire.
- Je brûle d’amour pour Psyché. J’ai décidé d’en faire ma femme. Mais nul ne doit le savoir... Et surtout pas ma mère ! lui dit-il.
- Tu peux compter sur mon aide et mon silence, répondit Zéphire.
- Alors, vas trouver cette jeune fille de ma part. Emporte-la dans les airs comme tu sais si bien le faire et installe-la dans un magnifique château. Je compte sur toi pour répondre à tous ses désirs.
Zéphire s’apprêtait à rejoindre Psyché, mais Éros le retint.
- Dis-lui que je la rejoindrai le soir venu, car elle ne devra jamais voir mon visage, sinon le charme serait rompu.

Zéphire s’en fut prestement, tout heureux d’être l’artisan du bonheur de son ami.
Il était fin diplomate et n’eut aucun mal à convaincre Psyché. D’ailleurs, elle avait si peur de voir surgir le monstre prédit par Harpocrate qu’elle accueillit avec soulagement un ambassadeur au visage aussi avenant ! Elle lui confia donc son sort et se laissa emporter jusqu’au magnifique palais que lui destinait Éros.

Lorsqu’ils eurent atteint cette terre enchantée, Zéphire la guida afin qu’elle découvrit son nouveau domaine. Psyché n’en croyait pas ses yeux ! Autour d’eux, tout n’était qu’harmonie et tendresse. Une source, dont le doux chuchotement se mêlait au chant des oiseaux, traversait un jardin paré de fleurs inconnues. Une brise, légère et parfumée, animait de grands arbres au feuillage ourlé d’or. Enfin, Zéphire la prit par la main, pour la conduire jusqu’au palais dont les portes ouvragées s’ouvrirent sans bruit devant eux.
Ensuite, il donna des ordres aux serviteurs et s’en fut rejoindre Éros, après avoir installé la fiancée sur un lit de coussins moelleux.

En attendant son promis, Psyché visitait sa nouvelle demeure. Elle circulait d’une pièce à l’autre, s’extasiant devant tant de splendeur. Tout était meublé et décoré avec un goût exquis qui la rassurait sur le maître des lieux. Elle se disait qu’il ne pouvait être qu’un homme très raffiné... Rien à voir avec le monstre annoncé par le devin !
Comme le jour déclinait, respectant les consignes que lui avait données Zéphire, Psyché éteignit toutes les lampes. Puis elle se mit fébrilement à scruter la pénombre.

Éros la rejoignit à la nuit tombée. Dans l’obscurité qui baignait la pièce, elle devinait à peine sa démarche légère. Pétrifiée d’angoisse, elle retenait son souffle.
Bien qu’ignorant les prédictions d’Harpocrate, Éros devina l’anxiété de la jeune fille. D’une voix douce, il lui prodigua des paroles apaisantes en lui prenant la main avec délicatesse.
- Chère Psyché, surtout ne crains rien de moi. Je ne veux que ton bonheur. Mon seul désir est d’être ton époux et de t’offrir une vie de rêve.
D’emblée, Psyché aima le son de sa voix. Après la journée éprouvante qu’elle venait de vivre, ses inflexions chaleureuses la réconfortaient.
Quand Éros l’embrassa, elle sentit contre sa joue la douceur de sa peau. Ce contact n’était certainement pas celui de la carapace rugueuse d’un dragon ! Complètement rassurée, Psyché se laissa aller à l’étreinte du jeune dieu.

Lorsque l’aurore commença à poindre, c’est à regret qu’Éros dû se séparer de sa jeune épouse. Avant de partir, il lui renouvela les conseils que lui avait déjà prodigués Zéphire.
- Je reviendrai ce soir. En m’attendant, tu es libre de faire tout ce qui te plaira. Tu n’es pas prisonnière, tu es mon épouse et la maîtresse de ce domaine. Si le temps te semble long, tu peux recevoir ta famille, tes amis... Quel que soit ton souhait, il te suffit d’appeler Zéphire. Il arrivera immédiatement pour se mettre à ton service. Je n’exige de toi qu’une seule chose : ne cherche jamais à voir mon visage. Crois-moi, c’est la seule et unique condition pour que nous puissions être heureux ensemble !

Psyché était conquise. Elle allait compter les heures et les minutes qui la séparaient du retour de cet inconnu qui était désormais son mari. Il était vraiment charmant et plein d’attentions. Elle repensa à ce qu’il lui avait dit « tu peux recevoir ta famille, tes amis... » Elle eut envie de partager son bonheur tout neuf avec ses soeurs. Ainsi, Cidippe et Aglaure pourraient, à leur tour, rassurer leurs parents.
Sur sa demande, Zéphire fit apparaître un magnifique attelage et s’en fut quérir les deux soeurs.
Psyché ressentit un réel bonheur à embrasser ses soeurs chéries qu’elle avait cru ne plus jamais revoir. Ensuite, elle leur fit les honneurs de son nouveau domaine.

Toutefois, passé le premier instant d’émotion, la jalousie s’insinua sournoisement dans le coeur de Cidippe et Aglaure.
- Décidément, cette petite Psyché a trop de chance, murmura Aglaure.
- Je suis bien contente qu’elle ait échappé au malheur annoncé... Pourtant, une telle débauche de luxe était-elle nécessaire ? lui répondit pensivement Cidippe.
Sans se douter des sentiments contradictoires qui agitaient ses soeurs, Psyché les invita à se restaurer. Malheureusement, la vue de la vaisselle d’or et d’argent qui ornait la table mit un comble au ressentiment des jeunes femmes.
Toujours confiante, Psyché leur raconta la visite nocturne de celui qu’elle appelait son époux et leur avoua ingénument qu’elle ne devrait jamais voir son visage.
Rongée par l’envie, Cidippe trouva là une occasion de réfréner la fierté qu’elle pensait déceler sur le visage de sa jeune soeur.
- Ma pauvre petite, comme tu es innocente ! lui dit-elle. Si cet homme ne veut pas que tu le voies, c’est certainement lui, l’horrible dragon prédit par Harpocrate !
- Bien sûr, c’est lui ! reprit Aglaure. Il ne peut être que fourbe et méchant ! Sinon pourquoi se cacherait-il ?
Psyché était toute déconcertée. S’en remettant à l’expérience de ses aînées, elle leur dit :
- Il paraît pourtant si gentil ! Mais que dois-je faire, selon vous ?
- Il te faut absolument connaître ses traits, lui dit Aglaure.
- J’ai une idée ! reprit vivement Cidippe. Ce soir, avant qu’il n’apparaisse, cache donc ta lampe. Ainsi, dès qu’il se sera endormi, tu n’auras qu’à le contempler à son insu. Malheureusement, j’ai bien peur que tu ne sois très déçue... Il est certainement horrible à regarder !
Elles continuèrent sur le même ton jusqu’au moment de la séparation.
Psyché était en proie aux doutes les plus cruels. Elle suivit pourtant le conseil de ses soeurs et dissimula sa lampe à huile derrière un rideau de plantes vertes.

Lorsque Éros apparut, la jeune fille tremblait de peur. Le jeune dieu usa de toute sa tendresse sans toutefois parvenir à la calmer. Il s’endormit enfin, le coeur un peu lourd, croyant avoir perdu la confiance de sa bien-aimée.
Psyché, quant à elle, guettait le moment propice et, lorsque la respiration de son époux se fit régulière, elle se leva sans bruit et s’en fut récupérer sa lampe. Pourtant, un scrupule la retenait. Elle avait donné sa parole à cet époux si tendre. Avait-elle le droit de le trahir ? De plus, elle avait peur de le découvrir aussi laid que ces soeurs le prédisaient. Elle savait qu’elle en serait fort déçue car un sentiment très doux la liait déjà à lui.
Elle dut se faire violence pour se contraindre à suivre le conseil de ses aînées et, d’une main hésitante, elle éleva la lampe au-dessus du visage du jeune homme. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant sa beauté ! Aucun visage au monde n’offrait une telle harmonie.
« Seul Éros pourrait atteindre ce degré de perfection, se dit-elle ! » Elle en était bouleversée et s’en voulait d’avoir douté de lui. C’est pourquoi l’émotion fit trembler sa main... Une goutte d’huile brûlante glissa, éclaboussant le bras du dormeur... Qui s’éveilla ! Le charme était rompu. Ni Éros, ni Psyché n’y pouvaient plus rien !
Le palais fastueux disparût aussitôt et la jeune fille se retrouva seule et abandonnée sur la montagne désolée où l’avait conduite ses parents ! Secouée de sanglots, elle maudissait sa curiosité.

De son côté, Éros était au désespoir. Sa mère le semonça rudement, lui reprochant d’avoir trahi sa confiance. Mais le jeune dieu n’en avait cure. Il décida de tenter le tout pour le tout et s’en fut trouver Jupiter. Comme il le suppliait de lui rendre son épouse, le dieu des dieux protesta :
- T’unir à une mortelle, il n’en est pas question ! Personne sur le Mont Olympe n’accepterait de voir le Dieu de l’Amour se prêter à une pareille mésalliance !
Heureusement, comme nous l’avons déjà vu, Éros ne se laissait pas facilement démonter. Porté par son amour, il imagina une parade !
- Mais puissant Jupiter... N’êtes-vous pas assez influent pour immortaliser Psyché ?
Piqué au vif, Jupiter réfléchit un instant. Après tout, ce jeune Éros lui avait déjà rendu bien des services. Le souverain suprême adorait l’amour et descendait souvent sur terre pour tenter la conquête d’une jolie mortelle. Sans le concours d’Éros, plus d’une fois, il n’y serait pas parvenu. Il pensa qu’à l’avenir, il aurait peut-être encore besoin de son aide. Alors... Pourquoi ne pas le satisfaire ? Il lui devait bien ça !

Il chargea donc Mercure, son messager, d’aller chercher la jeune fille. Dès qu’il la vit, Jupiter fut conquis par sa beauté et estima qu’Éros avait fait le bon choix. D’un geste protecteur, il versa lui-même, dans un plat d’argent, l’ambroisie qui rend immortel.
Sous l’oeil amoureux d’Éros, Psyché porta à ses lèvres roses la divine nourriture. C’est ainsi que le Mont Olympe accueillit une nouvelle déesse.

Le mariage de Psyché et Éros fut solennellement célébré, parmi les déités, les muses et les grâces. Ce jour-là, les parents de la jeune fille resplendissaient de fierté. Quant à ses soeurs et à l’irascible Vénus, entre deux grincements de dents, elles apprécièrent néanmoins les fastes du repas !


Fin