Une histoire d'amour sous le soleil du Brésil







UNE HISTOIRE D'AMOUR


Les clés de l'Amazonie
Une histoire d'amour par Marine Kerla

Assise devant mon bol de café tiède, je ressassais mes idées noires. « Un bon job, l’indépendance... Et, un jour, le Prince Charmant ! ». Voilà ce que je m’étais dit en quittant ma bonne ville de Reims pour aller conquérir Paris.
Au début, tout s’était déroulé selon mes espérances. Il faut dire qu’à cette époque-là, débordante d’enthousiasme, je ne ménageais pas ma peine. Aucune démarche ne me rebutait, j’avais arpenté les rues de ce Paris que je connaissais si mal et frappé à mille portes d’agences d’intérim. Épluchant les journaux d’annonces, j’avais posté des centaines de lettres de motivation. Mes efforts avaient été récompensés, je n’avais pas mis deux mois pour décrocher ce job de secrétaire à la direction régionale d’une importante entreprise de travaux public.
Monnier & Cie construisait de vastes édifices, des ponts, des autoroutes dans le monde entier. On me confia le secrétariat d’un groupe de techniciens.

Dès mon arrivée dans la société, je dois avouer que j’avais obtenu un certain succès. S’insérer dans cette ambiance virile demandait cependant une bonne dose de diplomatie, le but étant d’obtenir la sympathie de ces messieurs tout en conservant une certaine distance. J’y étais parvenue et m’en félicitais. Il y avait bien eu l’ingénieur en chef, Michel Levesque pour se montrer plus ou moins insistant mais je lui avais laissé entendre que j’étais fiancée et, au fil des jours, ses ardeurs semblaient s’être quelque peu calmées.
A vrai dire, dans ce milieu d’hommes que sont les travaux publics, si j’avais souhaité rencontrer l’âme soeur, je n’aurais eu que l’embarras du choix. Mais à ce moment-là, j’étais bien décidée à ne pas mélanger profession et sentiments !

Tout avait changé avec l’arrivée d’Antoine. Je travaillais chez Monnier depuis plus d’un an quand, un matin, il s’était présenté à la réception. Il arrivait directement du Guatemala, le chantier sur lequel il travaillait venait de s’achever.
- Antoine Ponsier... J’ai rendez-vous avec Monsieur Levesque...
Dès ses premiers mots, je reconnus la belle voix grave que j’avais très souvent entendue au téléphone. J’en ressentis comme un choc électrique... Il se tenait devant moi, grand, brun, bronzé, le sourire éclatant, le sac de voyage négligemment jeté sur l’épaule... Le plumage n’avait rien à envier au ramage ! Face à cette parfaite image du globe-trotter, toutes mes bonnes résolutions s’envolèrent. Mélanger le travail et les sentiments devenait pour moi un impératif !

J’eus l’occasion de le revoir dès le lendemain car, en attentant d’obtenir une nouvelle affectation à l’étranger, Antoine se vit confier différents chantiers en région parisienne.
Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que l’attirance que j’éprouvais s’avérait réciproque. Très rapidement, nous nous étions revus en dehors du bureau et, un mois plus tard, nous partagions mon petit deux pièces à Longjumeau !

Bien sûr, il nous fallait user de ruses de Sioux pour que nos collègues continuent d’ignorer notre idylle. Nous n’arrivions jamais ensemble au bureau et devant les autres, nous n’affichions que des attitudes de bonne camaraderie. Loin d’être contraignante, cette situation me semblait plutôt excitante. De plus, le fait de travailler dans la même entreprise renforçait encore la grande complicité qui nous unissait.
Il y avait toutefois une ombre au tableau. Antoine était conducteur de travaux. Comme il parlait couramment l’espagnol et le portugais, sa spécialité était de veiller au bon développement des grands chantiers en Amérique Latine. A ce titre, ses missions le tenaient éloigné de France pendant des mois, parfois même plus d’une année. Jusque là, ce style de vie lui avait parfaitement convenu et je craignais toujours de le voir repartir. Quand il m’avoua qu’il ne voulait plus me quitter et s’apprêtait à demander un poste sédentaire, je fus aux anges ! Sans exposer ses réelles motivations, il en parla à Michel Levesque qui était son supérieur direct. Celui-ci semblait d’accord et, pour commencer, lui offrit la responsabilité d’un chantier de courte durée en Seine et Marne.

En trois mots « J’étais heureuse » et déjà les premières notes de la Marche Nuptiale résonnaient dans ma tête !
Je pensais que la vie m’avait vraiment comblée... Jusqu’à ce samedi soir où, sortant d’un restaurant du Quartier Latin, nous nous étions presque heurtés à Michel Levesque. La façon dont Antoine me tenait serrée contre lui ne laissait subsister aucun doute sur nos relations. Malheureusement, l’expression courroucée que prit le regard de Michel Levesque, malgré les paroles cordiales qu’il prononçait, ne prêtait pas non plus à confusion !
Sans trop me l’expliquer, je sentis un étrange malaise m’envahir et m’en ouvris à Antoine.
- Tu ne trouves pas qu’il nous a regardés d’une façon bizarre ?
- Il a certainement été surpris... Il faut dire que nous avions bien caché notre jeu !
- Il n’avait pas l’air très content, ça me fait un peu peur... Tu sais qu’il a une certaine influence auprès du siège social.
Antoine se montra rassurant. Après tout, notre relation était sérieuse, un jour ou l’autre, nous aurions été amenés à en parler.
- Que pourrait-il faire ? Le côté positif c’est qu’à présent il cessera peut-être de te tourner autour et de te poursuivre de ses regards libidineux ! lança-t-il en riant.
J’essayais de me détendre, pourtant mon trouble persistait.

Les jours qui suivirent semblèrent donner raison à Antoine. Michel Levesque paraissait décontracté et ne faisait aucune allusion à notre rencontre. Je commençais à me sentir réellement à l’aise et pensais que mes angoisses n’étaient nullement fondées, quand le couperet tomba. Il prit la forme d’une lettre émanant de la direction générale et déposée dans le casier à courrier d’Antoine.
Un barrage à construire aux confins de la forêt amazonienne... On lui en offrait la direction... Une promotion qu’aucun conducteur de travaux n’aurait refusée !
Il s’en suivit une discussion animée entre nous... Peut-être notre première dispute. J’étais persuadée qu’il s’agissait d’un coup organisé par Michel Levesque pour nous séparer.
- Tu te montes la tête, il n’y est pour rien ! disait Antoine.
Je n’arrivais pas à supporter l’idée de cet éloignement, quelle qu’en soit la cause.
- N’accepte pas, je t’en prie ! C’est un chantier immense qui va durer plusieurs années...
- Sois raisonnable, Lydie... C’est une chance inespérée. Une promotion assortie d’une augmentation de salaire énorme ! Imagine... A mon retour, avec ce que j’aurai gagné, nous pourrons tout de suite nous acheter une maison !
Je lui répondais sur un ton plein d’amertume.
- Dans combien de temps ? Dans cinq ans !
- Ça ne durera pas cinq ans, tu le sais bien ! Et, de toute façon, nous aurons l’un et l’autre des congés. Nous pourrons nous retrouver. En plus, si les conditions de vie là-bas sont correctes, rien ne t’empêcheras de venir me rejoindre...
- Avec des « si »...
Je dus pourtant me faire une raison. Les colères, les larmes n’y changeaient rien. Antoine voulait saisir ce qu’il considérait comme « Sa chance ».
- Rends-toi compte, disait-il. A vingt-sept ans, obtenir la conduite d’un ouvrage aussi prestigieux... Je ne peux pas refuser ça... Toute ma carrière s’en trouvera modifiée !

Je cessais donc de l’ennuyer avec mes états d’âme et j’essayais de me montrer courageuse. L’heure de la séparation approchait et, ne voulant pas gâcher nos derniers moments ensemble, tant bien que mal je me composais une attitude stoïque.
A l’aéroport, quand il me serra une ultime fois contre lui, je parvins encore à retenir mes larmes. Mais lorsque je me retrouvai seule dans ma voiture, je laissai libre court à mon désespoir. Sur l’autoroute, je conduisis comme une somnambule. La circulation était-elle fluide ? Y avait-il des encombrements ? Je ne m’en souviens plus. Je me revois simplement, hébétée et tournant en rond dans le petit appartement où j’avais vécu avec Antoine les plus beaux jours de ma vie.

Il me téléphona dès sa descente d’avion. Ensuite, je vécus au rythme de ses courriers. Il m’appelait aussi souvent qu’il le pouvait. Malheureusement, l’installation du chantier n’en était qu’à ses balbutiements et les communications, tant postales que téléphoniques, étaient difficiles.

Au bureau, Je m’efforçais de ne rien laisser paraître de mon désarroi et conservais une apparence sereine. Pourtant, je n’avais plus la même fougue au travail. De plus, Antoine était absent depuis une semaine à peine que déjà Michel Levesque recommençait à me faire des avances. Mais cette fois, d’une manière beaucoup plus directe, insistante. Pour toutes sortes de raisons futiles, il me convoquait dans son bureau. Il avait toujours besoin d’un document ou d’un renseignement urgent. Souvent, il s’approchait de moi à me frôler ou se penchait sur mon épaule, sous prétexte de consulter le dossier que j’avais en main.
Jusque là, j’avais fort apprécié mon travail et l’ambiance un peu rude qui régnait dans ces grands bâtiments préfabriqués qui nous servaient de bureaux. Peu à peu, je pris tout cela en grippe !
Je n’avais plus le goût à rien, j’avais l’impression d’avoir été abandonnée, trahie. Dans les lettres que j’adressais à Antoine, malgré moi, je laissais, percer mon ressentiment.
Quand il me téléphonait, comme un enfant qui casse ses jouets, je ne pouvais m’empêcher de provoquer toutes sortes de conflits, jusqu’à ce coup de fil dont la seule évocation me ramène encore les larmes aux yeux.

Mais, qu’est-ce qui m’avait pris ? Antoine, n’avait rien d’un tyran, il était même plutôt accommodant. C’est sans doute pour cette raison que, lui-même, n’acceptait pas d’être mené à la baguette ! Et moi, j’avais douté de lui, je l’avais harcelé... Peu à peu, j’avais transformé nos communications téléphoniques en joutes verbales alors que ses appels auraient dû être de véritables moments privilégiés.
Pourquoi m’étais-je montrée aussi intransigeante ? Il me demandait de patienter, de lui faire confiance... Je n’avais rien voulu entendre, j’avais haussé le ton, la discussion s’était envenimée et je lui avais tout simplement raccroché au nez !
Bien entendu, j’avais tout de suite regretté mon geste, mais le mal était fait. J’avais vainement essayé de le rappeler tant le soir même que les jours qui suivirent. La sonnerie résonnait dans le vide ou la ligne était occupée... Quant au courrier, il fallait un temps fou pour l’acheminer vers cette région sauvage...

A présent, le téléphone restait muet. Trois semaines de silence... Trois semaines durant lesquelles je m’étais chaque matin rendue au bureau, aussi dynamique qu’un zombie !

Et, pour couronner le tout, la veille au soir, l’apothéose ! Un de nos collègues célébrait la naissance de son premier enfant et avait organisé une petite fête au bureau. Après le « pot », tout le monde voulait terminer la soirée au restaurant et je m’étais laissé entraîner, lasse de ma vie recluse et de mes plateaux télé.
Le restaurant que nous avions choisi était situé à quelques kilomètres du bureau. Pour nous y rendre, nous n’avions pris que les voitures les plus spacieuses et j’avais laissé la mienne sur le parking de l’entreprise. Le repas s’était plutôt bien déroulé. La conversation était gaie et me changeait les idées, même si par moments mes pensées s’égaraient et me ramenaient vers une certaine forêt tropicale.
C’est au retour que les choses s’étaient gâtées. Je ne sais par quel effet du hasard, je m’étais retrouvée seule aux côtés de Michel Levesque. J’en fus désagréablement surprise mais n’en laissai rien paraître. Même si je ne l’appréciais pas beaucoup, il était mon supérieur hiérarchique et je ne pouvais pas me permettre de l’offenser. Durant le trajet qui nous ramenait vers nos bureaux où m’attendait ma voiture, il s’était comporté avec courtoisie. Mais, aussitôt sur le parking, il se jeta sur moi en m’embrassant comme un forcené.

Toute la tension que j’accumulais depuis des semaines avait alors explosé. Je l’avais repoussé violemment en le traitant de « répugnant personnage » et de « satyre » ! Comme j’ouvrai la portière pour lui fausser compagnie, il m’avait retenue fermement, me lançant sa hargne au visage.
- Vous ne perdez rien pour attendre, ma petite ! Nous verrons bien qui de nous deux aura le dernier mot ! Quant à votre bel ami... Il n’est pas prêt de revenir en France... Comptez sur moi pour cela !

Voilà, j’avais passé une nuit blanche à pleurer sur mon sort et, au matin, j’en étais là de mes réflexions... Je me disais que, si j’avais eu un tant soit peu de courage, j’aurais déjà présenté ma démission. Couper les ponts... Échapper aux assiduités de mon patron et au souvenir des moments de bonheur qui ne reviendraient plus...
Je jetai un regard à la pendule... J’avais beau retarder au maximum le moment du départ, je savais bien qu’il me fallait y aller malgré mon manque d’empressement ! Le geste maussade, j’attrapai mon bol. Le café était froid et j’avais oublié de le sucrer. Je jetai le tout dans l’évier et enfilai rapidement mon manteau.

Dans le hall d’entrée, ma boîte à lettres regorgeait de publicités, je ne l’avais pas vidée la veille. Je l’ouvris sans grande conviction. Pour ce qui était des prospectus je n’étais pas en reste ! Mais quant au courrier, je m’étais fait une raison... Il n’y avait plus que l’EDF pour se souvenir de mon existence ! Machinalement, J’enfouis le tas de papiers dans mon grand sac à main et accélérai le pas.

Dès que j’eus franchi le porche de l’immeuble, un vent glacé me saisit et freina ma hâte. Je mis le contact, priant pour que ma vieille voiture daigne démarrer sans sa quinte de toux matinale.
Depuis le temps que je faisais ce trajet, je le connaissais par coeur et pouvais, tout en conduisant, laisser vagabonder mes pensées moroses. La pluie s’était mise à tomber. Je me garai sur la première place disponible et me précipitai vers le bureau sans même ouvrir mon parapluie.
En regagnant mon poste de travail, je lançai des « Hello ! » et des « Salut » à mes collègues. Je remarquai tout de suite l’air gêné de certains d’entre eux. Même Marielle, une gestionnaire avec qui j’entretenais de bonnes relations, baissa le nez à mon passage.
Je venais juste d’allumer mon ordinateur quand le téléphone interne grésilla. La voix de Michel Levesque...
- Lydie... Venez dans mon bureau immédiatement.
Fataliste, je pris mon bloc de sténo et me levai. J’avais à peine franchi sa porte que, tapotant le cadran de sa montre, il s’exclama :
- Il est plus de neuf heures. Vous avez une demi-heure de retard ! Ces retards perpétuels et ce laisser-aller sont inadmissibles !
- Mais... Monsieur, c’est la première fois que je suis en retard ! J’arrive presque toujours la première...
Coupant court à mes protestations, il prit un air doucereux pour me dire :
- Bon... Asseyez-vous... Si je vous ai convoquée ce matin, ce n’est pas pour vous parler de vos retards répétés... Ce stade est dépassé ! Votre travail, ainsi que votre comportement, d’ailleurs, se sont dégradés au cours de ces derniers mois. Le poste que vous occupez demande du dynamisme et un esprit d’équipe qui vous font défaut... Croyez bien que j’en suis désolé, mais je me vois contraint de me passer désormais de vos services !
Je bredouillais :
- Vous... Vous me licenciez ?
- Que puis-je faire d’autre ? N’ayez crainte, je vous fais verser une indemnité équivalente à six mois de votre salaire et vous percevrez, bien sûr, congés payés et treizième mois... Quant à votre préavis il vous sera réglé mais je vous dispense de le faire.
- Si votre décision est prise... Quand dois-je partir ?
- Mais, chère demoiselle, vous êtes libre dès à présent ! Allez voir Marielle, elle vous remettra un chèque et tous les documents à signer. Je ne vous retiens pas !

En d’autres temps, j’aurais peut-être été tentée de batailler mais, pour l’instant, je n’en avais aucune envie. Comme je me levai, il reprit d’un ton brusque :
- Surtout, n’oubliez pas de rendre vos clés !
Sans un mot, je sortis de son bureau. En rejoignant mon poste de travail, je croisai Marielle.
- Je range mes affaires et ensuite je passe te voir, lui dis-je. Il paraît que tu as quelque chose pour moi !
- Oui... C’est prêt. Tu peux venir quand tu veux, répondit-elle sans autre commentaire.

Je rangeai consciencieusement les tiroirs de mon bureau. Contrairement à ce que disait Michel Levesque, j’étais à jour dans mon travail et mis peu de temps à faire place nette.
Marielle me remit mon chèque et je signai le solde de tout compte qu’elle me présenta. Après un bref au revoir à mes collègues, je quittai les lieux, un peu désorientée. Deux ans de ma vie... Aux oubliettes ! Je me disais qu’étant donnée l’attitude de Michel Levesque, j’aurais dû ressentir ce licenciement comme un soulagement mais je ne parvenais pas à me faire une raison. Cette fois, j’avais tout perdu... mon amour... mon travail... des collègues avec qui je croyais bien m’entendre et qui n’esquissait pas le moindre geste de sympathie...
Six mois de salaire pour seule compensation... Il me fallait me secouer, retrouver le courage de me mettre en quête d’un nouvel emploi... Dans de telles circonstances, l’absence d’Antoine se faisait cruellement ressentir.

J’étais déjà installée au volant de ma voiture et m’apprêtais à démarrer quand soudain, je repensai aux clés du bureau. Je n’avais plus aucune raison de les garder, il me fallait les rendre.
Fébrilement, je fouillai dans mon sac.
- Mais... Où sont-elles donc ? Enfouies sous toutes ces paperasses...
Ces clés devenaient une idée fixe. Je devais les restituer sur-le-champ, il n’était pas question pour moi de revenir les rapporter. La page était tournée, dès que j’aurai quitté ce parking, je ne remettrai plus les pieds chez Monnier & Cie.
Nerveusement, je vidai mon sac sur le fauteuil passager. Tous les prospectus que j’avais, le matin même retirés de ma boîte à lettres se répandirent sur le siège...
Je ressentis un choc. Parmi eux, une enveloppe que je n’avais pas remarquée... Le timbre brésilien... L’écriture d’Antoine !
Je l’ouvris, les mains tremblantes et le coeur battant ! Deux feuillets recouverts de mots tendres... Un billet d’avion...

Antoine me demandait de le rejoindre afin que nous puissions décider ensemble de notre avenir « Tu verras, la région est magnifique et l’installation très confortable... quand le téléphone ne tombe pas en panne, comme c’est le cas actuellement ! ». Il disait que je lui manquais et que j’avais eu raison de m’insurger contre cette séparation trop cruelle... Il s’accusait de s’être montré égoïste... « Si le pays ne te plaît pas, nous reviendrons en France. Tu n’es pas obligée de démissionner si tu ne le souhaites pas... Demande un congé, Levesque ne pourra pas te le refuser... »

Un congé ! Je fus prise d’un fou-rire inextinguible en pensant aux six mois de salaire qui venaient de m’être versés.

Deux jours plus tard, blottie dans les bras d’Antoine, sous l’éclatant soleil du Brésil, je riais encore en lui décrivant l’effarement de Marielle et Michel Levesque devant la mine réjouie que j’affichai en leur tendant les clés du bureau !

Fin